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Mobilité du quotidien : un outil pour réussir la transition écologique

[Conseil métropolitain du 25 janvier 2018]

Invités à approuver les grandes orientation du plan de déplacements urbains pour les dix prochaines années, nous avons pointé du doigt l’absence du train du quotidien et la trop timide participation citoyenne.

Président du groupe écologiste à Rennes Métopole
  
Intervention de Morvan LE GENTIL au nom du groupe écologiste 

Nous sommes invités ce soir à approuver les grandes orientations du Plan de déplacements urbains pour les dix prochaines années ainsi que le processus de concertation qui doit en faire un document partagé par tou-te-s.

 

La mobilité, nous l’avons souvent dit, est notre défi numéro 1. Dans ce sens, le PDU est un outil majeur pour réussir la transition écologique de notre territoire. Les quatre objectifs affichés en prennent la mesure. Provoquer les changements de comportements, garantir une mobilité pour toutes et tous, adapter les modes de déplacements selon les contextes territoriaux et renforcer l’intermodalité seront nos quatre fils conducteurs. Ce cadre d’orientation de révision du PDU prend la bonne voie si je puis dire. Cependant, notre intervention ne serait pas complète si nous n’évoquions pas deux de nos sujets de prédilection : le RER rennais et la participation citoyenne.

 

Encourager le covoiturage, faciliter les déplacements à vélo, structurer un réseau de bus adapté aux besoins… tout y est, ou presque. Le grand absent de ce document cadre est bien le train du quotidien.

Le RER rennais, que nous ne nous lassons pas d’évoquer au sein de cette assemblée est à nouveau absent de nos réflexions. Curieux reflux alors qu’il y a un an tout juste, des ouvertures avaient été opérées sur le sujet. Redisons le, la métropole rennaise dispose d’un réseau de voies ferrées qui ne demandent qu’à être exploitées. 5 lignes ferroviaires. 16 communes desservies. Un nombre potentiel de voyageurs quotidiens qui avoisine les 7 500 – et encore ce potentiel est-il très lié au cadencement et au matériel, deux sujets qui ont été laissés en jachère ces dernières années. Nous avons toutes les cartes en main pour enfin réaliser ce train express métropolitain que nous appelons de nos vœux depuis de nombreuses années. Avec l’abandon du projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes, la rénovation des lignes ferroviaires reliant l’Ille-et-Vilaine à la Loire Atlantique va pouvoir se profiler. Et dans le même temps, la mise en place de trains cadencés sur l’étoile ferroviaire rennaise. Pourquoi, alors que nous avons les lignes, alors que nous avons les usagers, pourquoi ne pas exploiter ce filon qui est une carte à jouer supplémentaire pour avancer concrètement dans la transition écologique de notre territoire ? Il faut absolument que nous sortions de l’opposition bus/train, ces deux modes ne sont pas substituables, ils sont complémentaires et nous devons mener de front le développement de ces deux réseaux.

 

L’amélioration de la qualité de l’air et la transition énergétique figurent comme un objectif de ce PDU. Alors que la pollution de l’air fait plusieurs dizaines de milliers de morts chaque année en France, c’est bien une question de santé publique à laquelle nous sommes confrontés aujourd’hui. Parmi le cocktail de solutions alternatives à la voiture « solo », figurent donc le vélo, les transports collectifs ; le covoiturage également, pour lequel nous devons imaginer des modalités incitatives, en termes de voiries ou de parking réservés.

Au-delà des changements de comportements au quotidien que nous souhaitons, c’est un changement de modèle qu’il nous faut opérer.

Ne plus être nécessairement propriétaire de son véhicule personnel mais le mutualiser fait partie des solutions. Cela s’appelle l’autopartage. Cela existe et cela fonctionne. Pour que le cocktail de solutions de mobilités alternatives à la voiture soit réellement complet, il nous faudrait l’intégrer à ce plan de déplacements urbains.

 

Diminuer l’empreinte carbone que nous imprimons à notre territoire pour améliorer la qualité de l’air, tel est bien l’objectif que ce PDU doit contribuer à atteindre. C’est d’ailleurs le principal défi que nous devons aujourd’hui relever au travers de toutes nos politiques. Nous lisons à ce titre que l’évaluation environnementale des mesures mises en œuvre sera faite dans cinq ans. Cinq ans c’est long. Et il y a urgence aujourd’hui. Peut-on se permettre d’attendre cinq ans avant de mettre en place tous les moyens à notre disposition pour préserver la qualité de l’air ? Il ne faut pas tergiverser. Il faut nous donner tous les moyens à notre disposition pour faire de ce PDU un outil du changement continu.

 

 

Le levier principal de cette réussite, ce sont les personnes qui se déplacent au quotidien, pour le dire simplement, ce sont les habitant-e-s eux-mêmes.

Même si le plan de déplacements urbains est un outil technique, il est capital de construire ce programme d’actions avec eux.

À ce titre, nous trouvons la concertation prévue sur ce dossier un peu légère. La mobilité est un enjeu majeur de notre territoire. Et elle concerne tous les métropolitains. Pourquoi dans ces conditions se contenter du minimum réglementaire ? Pourquoi, alors que l’évènement « InOut » veut inviter professionnels et « grand public » à tester les mobilités de demain, ne sommes-nous pas capables de mettre en place une véritable concertation sur le PDU ? Avec une information dans les journaux municipaux et sur le site internet de la métropole, une réunion publique et un dossier consultable à l’hôtel de Rennes Métropole, nous ne sommes pas certains que les habitant-e-s de la métropole, dans toute leur diversité, se sentent vraiment invités à donner leur avis et à soumettre leurs propositions. Pourtant le jeu en vaut la chandelle. À Nantes Métropole, les « Grands débats » mobilisent des dizaine de milliers d’habitant-e-s dans un processus de concertation au long cours, piloté par des élu-e-s dédié-e-s, accompagné par les services techniques et supervisé par une commission citoyenne qui se porte garante de son bon déroulement. Processus de concertation qui débouche sur des actions concrètes, proposées par les usagers en lien avec leur vécu quotidien et croisées avec les priorités d’action publique. Prenons l’exemple sur notre voisine, mettons les moyens d’une véritable participation citoyenne pour faire de ce PDU un document cadre partagé par tous et toutes. Les habitant-e-s de la métropole sont les forces vives de notre territoire. Ils sont à même de participer activement à l’élaboration de notre politique publique en matière de mobilité. Ne nous privons pas de la ressource précieuse de cette « expertise d’usage », qui pourrait aussi être la garantie d’un PDU en phase avec les attentes de nos concitoyen-ne-s.

 

La mobilité du quotidien est un des leviers de la plus que nécessaire transition écologique. Les Assises nationales de la mobilité qui se sont tenues à l’automne dernier en ont pris la mesure et la loi d’orientation qui sera présentée au printemps prochain doit nous conforter dans l’importance à accorder à notre plan de déplacements urbains. En prenant en compte tous les moyens de déplacements possibles. En prenant en compte tous les acteurs de la mobilité, au premier titre desquels figurent les habitant-e-s de la métropole.