Conseiller municipal
Co-président du groupe écologiste |
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Intervention de Matthieu Theurier au nom du groupe écologiste
Le centre-ville de Rennes a une dimension à part. C’est le quartier de Rennes le plus peuplé, lieu de vie de 45 000 Rennais. Au delà de ses 45 000 habitants, le centre-ville de Rennes est bien un lieu de vie pour tous les Rennais, les métropolitains et bien au-delà. Il est un lieu de promenade, de loisirs, de cultures, de débats, de fête. Il est aussi un espace commercial très important, le plus important de Bretagne. Pour nombre de Rennais, le centre-ville est donc aussi le premier commerce de proximité.
Le commerce de proximité répond aux besoins quotidiens des habitants, participe à l’équilibre économique du territoire par un développement des services de proximité, participe à créer du lien social. Sa proximité permet de limiter les déplacements et donc l’usage de la très polluante voiture. Dans le même temps, il est un grand pourvoyeur d’emplois : le commerce est ainsi le deuxième employeur de notre métropole avec plus de 20 000 salariés. Pour toutes ces raisons, les écologistes défendent les entreprises commerciales qui concourent à un développement équilibré et harmonieux de notre ville.
La 11ème édition des Assises de Centre-Ville s’est tenue à Rennes dans un contexte particulier mêlant état d’urgence et mobilisations sociales. Des manifestations, des grèves, ont par définition un impact sur la vie économique. Faire grève, c’est arrêter de travailler, empêcher la production dans le but de faire aboutir des revendications sociales. C’est de cette façon, en France et ailleurs, que se sont faites les plus grandes avancées sociales qui sont parmi le fondement de notre République. La grève est une action non-violente, pacifique, démocratique. Les débordements qui ont eu lieu en marge de certaines manifestations contre la loi travail sont par contre d’une toute autre nature. Ils ne sont pas acceptables et ils ont eu un impact négatif sur l’activité commercial du centre-ville. C’est pourquoi, l’aide exceptionnelle apportée pendant ce mois par la Ville et la Métropole à l’activité commerciale du centre-ville est légitime. Par contre, son montant peut être discuté. En effet, à notre connaissance, aucune évaluation concrète des pertes réellement subies par les commerçants n’a été faite. Il est donc difficile de juger si le montant de ces aides exceptionnelles est juste.
De même, s’il peut être du rôle de la collectivité que d’accompagner un secteur qui connaît des difficultés, son rôle est aussi de l’accompagner avec cohérence.
Soutenir le commerces de proximité à Rennes, c’est d’abord refuser l’extension des grandes zones commerciales en périphérie.
Dernièrement, la métropole a autorisé la création de nouveaux pôles commerciaux sur 9 hectares à Pacé, 9 hectares aussi à Saint-Grégoire et peut être prochainement à Bruz. Sur le moyen terme, ces extensions mettent bien plus à mal le commerce de centre-ville que trois mois de débordements en marge de mobilisations sociales.
Quelle cohérence aussi entre le combat quotidien que nous, élus rennais, menons contre la pollution de l’air et la décision d’offrir le stationnement à ceux qui viendraient faire leurs courses en voiture ?
Les Rennais ont pourtant bien compris que la voiture n’avait pas sa place en centre-ville : 30 % des parkings en ouvrage sont vides et les piétons, comme les cyclistes, sont aujourd’hui de plus grands consommateurs du commerce de proximité que les automobilistes. Alors pourquoi envoyer des messages contradictoires, pourquoi continuer à faire croire que la bonne santé du commerce est lié à l’accessibilité voiture quand tout démontre le contraire. L’annonce de cette mesure de gratuité a coïncidé avec la publication d’un rapport de Santé Publique France selon lequel la pollution de l’air due aux particules fines est responsable de 48 000 décès chaque année en France. Il s’agit de la troisième cause de mortalité prématurée en France après le tabac et l’alcool. Plus de 34 000 de ces décès seraient évitables. Les mentalités doivent changer et vite.
Quelle cohérence enfin, quand la responsabilité demandée à tous les habitants en matière de gestion des déchets est complètement ignorée par nombre de commerçants rennais ?
Un grand nombre de Rennais ont été marqués, choqués, de voir les rues du centre-ville jonchée de déchets au lendemain de la fête de la musique. Vous me direz, les balayeurs de la Ville étaient en grève. Je répondrais que leur grève n’a fait que mettre en exergue des pratiques qu’il est urgent de changer. Alors que la Ville met à disposition 60 000 gobelets réutilisables, la quasi totalité des bars et restaurants ont distribué des centaines de kilos de gobelets en plastique et autres contenants jetables qui finissent à coup sûr au milieu de la rue quand les poubelles débordent. Aucune réflexion n’est menée avec les commerçants dans la gestion des déchets. Cette gestion est laissée à la seule charge de la Ville et de ses agents à qui on demande beaucoup, avec peu de compensations, notamment en matière de rémunération et de récupération des journées travaillées le week-end. Elle a un coût certain pour la collectivité et ce coût-là mériterait un jour d’être évalué.
Aussi, nous réaffirmons notre souhait, que le plan d’action pour le commerce de centre-ville, comme les mesures exceptionnelles qui peuvent l’accompagner, intègrent pleinement toutes les dimensions liées au développement durable. Pour que le centre-ville de Rennes ne soit jamais considéré à travers sa seule fonction de centre commercial mais bien comme un lieu vivant, et parmi les plus emblématiques de notre ville.
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