Intervention de Morvan LE GENTIL au nom du groupe écologiste
Mon intervention ne reviendra pas sur la pertinence et la qualité du dispositif Atout Clauses, très clairement exposé par nos Vice-présidents.
Mais l’étude de l’AUDIAR sur l’impact des grands chantiers métropolitains est également éclairante et appelle quelques commentaires.
Évidemment, comment ne pas se réjouir d’afficher 500 entreprises aux carnets de commande remplis, 1300 salariés employés grâce aux opérations décidées par la collectivité ?
Il est toutefois nécessaire de pousser un peu plus loin l’analyse, et quelques diapositives présentées ce soir nous y invitent d’ailleurs.
En réalité, la situation est le fruit d’une double décision :
- Décision d’investir fortement, dans des proportions assez exceptionnelles, dans la commande publique
- Décision d’orienter ces investissements vers les grands chantiers que l’on connaît
Il ne faut pas se tromper, de ces deux décisions, c’est bien la première qui est cruciale. Et c’est celle-ci dont nous pouvons nous féliciter :
en période de vaches maigres, par le jeu d’une situation financière intelligemment maîtrisée sur les années antérieures, nous avons choisi d’engager aujourd’hui des montants hors du commun sur des projets publics d’envergure.
Il est là, ce fameux effet « contracyclique » que l’on peut claironner.
Nous avons raison, bien sûr, de vérifier que cet investissement produit effectivement de l’activité économique et des emplois. Mais avec 1,32 milliards d’euros engagés c’est le contraire qui serait étonnant…
Mais au final, la question, dans une instance comme la nôtre, dédiée aux débats sur les orientations politiques, est peut-être ailleurs : une fois acté ce choix d’investir massivement pour enclencher une spirale vertueuse, aurions-nous pu, ou dû, le flécher vers d’autres priorités ?
Autrement dit, ces 1,32 milliards, investis différemment, auraient-ils pu créer encore plus d’emplois locaux ? des services encore plus essentiels ? des dynamiques économiques encore plus pérennes ?
Il n’est pas seulement question de savoir si une deuxième ligne de métro était bien prioritaire par rapport à d’autres investissements de même échelle, qui auraient pu fluidifier définitivement les accès au cœur de métropole en transports en commun, bus ou train. Ou si d’autres bâtiments, pour le même prix et le même impact contracyclique, auraient pu avoir une utilité sociale supérieure à celle de la Cité des Congrès.
Des chiffres du ministère de l’Économie nous donnent quelques clés de réflexion plus larges :
- Pour 1 million d’euros investi dans les travaux d’infrastructures : 8 emplois créés (je vous invite à faire le calcul : multiplié par 1320 on retombe bien sur nos 10000 ETP cumulés)
- Pour ce même million engagé dans des projets d’efficacité énergétique : 14 emplois
- Dans la construction immobilière : 11 emplois
- Dans la rénovation immobilière : 18 emplois
C’est assez logique si on y pense : plus on est proche du savoir-faire artisanal et plus l’intensité de main d’œuvre, comme l’emploi local, augmentent ; plus on est dans le matériau lourd, la machinerie, et plus l’intensité de main d’œuvre diminue, au profit d’une ingénierie hors sol. Deux données présentées ce soir nous en donnent d’ailleurs quelques indices, avec un emploi local nettement plus présent sur le second œuvre, et avec un projet comme la ligne B qui génère plus de retombées en Ile de France qu’en région.
Enfin, je me permettrais de citer un extrait d’un rapport de l’INED-CNRS – je le cite par économie d’énergie personnelle :
« La transition énergétique va bien entendu nécessiter de mobiliser des investissements conséquents mais il ne s’agit pas d’un puits sans fond. Les investissements ne sont pas à renouveler chaque année pour obtenir le même service et les fonds d’économies dégagés peuvent au contraire servir à de nouveaux investissements. Ce cercle vertueux augmente notre autonomie et notre capacité à résister aux chocs économiques, géopolitiques, naturels ou industriels. Elle représente aussi une chance de redonner du sens à l’action publique en proposant un programme de sortie de crise et un véritable projet de société dans lequel nous avons tout intérêt à nous engager. »
Rennes Métropole s’engage aujourd’hui dans cette voie. Il faudra que le profil de nos investissements futurs en témoigne. Le développement économique et l’emploi local en bénéficieront tout autant, et sans doute davantage. |