Matthieu THEURIER |
Conseiller municipal |
Co-Président du groupe écologiste |
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Intervention de Matthieu THEURIER au nom du groupe écologiste
Les Rennaises et les Rennais nous ont confié une mission pour les cinq années à venir. Cette mission pourrait être résumée en quatre points :
- engager la transition écologique : pour mieux protéger l’environnement, une ville plus verte et plus douce.
- ne laisser personne au bord du chemin : créer un véritable bouclier social pour les plus précaires, agir en proximité pour renforcer les solidarités.
- soutenir une économie qui soit locale, solidaire, innovante et créatrice d’emplois.
- et enfin, associer au quotidien les habitants aux projets qui les engage en installant une démocratie plus directe.
Ces missions nous les avons engagées voilà près d’un an maintenant et nous avons d’ores et déjà posé les bases d’une action ambitieuse. J’en veux pour preuve, entre autres exemples, le retour en gestion publique de l’eau et la gratuité des premiers mètres cube que nous avons votés en décembre, la ré-évaluation des rythmes scolaires et la consultation des parents d’élèves par une votation citoyenne qui s’est achevée récemment, ou encore le lancement de la fabrique citoyenne dès le début du mandat et qui doit permettre de faire de la politique autrement en associant mieux les habitants aux décisions.
Pour réussir le mandat que nous ont confié les Rennaises et les Rennais, il faut une intervention publique forte et les moyens de nos ambitions. C’est tout l’enjeu de ce premier budget. Les écologistes voteront pour car il est entièrement tourné vers l’amélioration du quotidien des Rennaises et des Rennais.
Un fort niveau d’intervention publique
Tout d’abord, il acte le maintien d’un fort niveau d’intervention publique et ce dans un contexte budgétaire rendu particulièrement difficile par les baisses de dotation de l’État. Ce maintien se fait sans augmentation d’impôts, comme nous nous y étions engagés. Et c’est essentiel dans une période où les difficultés sociales continuent de gagner du terrain.
Cet effort est d’autant plus important qu’il se situe dans un contexte d’austérité pour les collectivités locales. La baisse des dotations de l’État, engagée par Nicolas Sarkozy, prolongée par François Hollande, est une aberration. Elle est peu efficace au plan économique puisqu’elle prive de moyens des acteurs qui agissent au plus près du territoire et représentent plus de 70 % de l’investissement public en France. Elle relève d’un manque criant de vision politique car elle est une application bêtement comptable de recherche d’économies sans qu’aucune priorité n’ait été définie. Cette obsession de la restriction budgétaire, c’est la stratégie des libéraux pour affaiblir l’intervention publique. Elle a échoué en Europe, elle échouera en France et il nous faut, ici à Rennes, à tout prix éviter de reproduire les mêmes erreurs. Mener une stratégie de « sérieux budgétaire » : oui c’est une évidence pour la bonne tenue de nos comptes, mais en définissant d’abord nos priorités politiques avant d’engager les redéploiements et tout en maintenant le champ d’intervention du service public.
Un budget tourné vers l’intérêt général
Nous maintiendrons un fort niveau d’investissement en 2015. C’est une bonne chose, encore faut-il qu’il soit utilisé à bon escient. On a en effet pu voir par le passé de lourds investissements abonder des projets fort peu utiles. Mais si je regarde récemment du côté de Notre Dame des Landes où la commission nationale du débat public a encore un peu plus mis à mal le projet d’aéroport, je ne doute pas que cette époque est désormais révolue. Pour construire l’avenir, il nous faut utiliser au mieux les ressources, les répartir justement, les investir utilement. Et c’est d’ailleurs le sens de ce budget 2015 clairement tourné vers l’intérêt général et la vie quotidienne des Rennaises et des Rennais.
En effet, dans le domaine de l’éducation, l’ouverture du nouveau groupe scolaire Nelson Mandela à Beauregard est inscrite pour 2015. Rappelons aussi que la construction de ces nouvelles écoles à Beauregard et au sein de la fac Pasteur sont prévues et confirment l’engagement de notre majorité pour la réussite éducative.
Plus de bio à la cantine
Nous approuvons aussi l’augmentation des moyens consacrés à la restauration scolaire qui permettra désormais un approvisionnement à 100 % en pain et légumes bio. Une bonne nouvelle pour la santé des enfants de Rennes, les paysans et l’emploi agricole local. Un pas supplémentaire aussi vers l’objectif de 20 % de repas bio dans les restaurants scolaires à l’horizon 2020.
Soutien réaffirmé à la diversité culturelle et à la solidarité
En ces temps de restriction budgétaire, il faut aussi souligner un autre acte fort : le maintien, et même la légère augmentation, du budget consacré à la diversité culturelle. Bretonne, gallèse, européenne, musicale, révoltée, créative, tolérante et ouverte au monde, Rennes est une ville de cultures. Réaffirmé notre engagement auprès des acteurs culturels rennais, c’est consolider les fondements du développement local. « Réaffirmer » ne veut pas dire « figer ». Créer, c’est bouger, changer, s’adapter. C’est pour maintenir le bouillonnement culturel rennais à ébullition que s’ouvriront début avril les États Généraux de la Culture. Des réorientation budgétaire se feront ensuite en fonction des nouvelles priorités qui seront définies.
Il nous faut aussi saluer l’augmentation de 3 % du budget consacré au CCAS, outil indispensable aux politiques de solidarité.
5000 associations à soutenir
Le tissu associatif rennais, avec plus de 5 000 associations est aussi un élément essentiel de la qualité de vie dans notre ville, du lien entre ses habitants, de cette impression que tout en étant au cœur d’une métropole de 450 000 habitants nous vivons toujours dans un village. Ce lien, cette proximité, cette connaissance du territoire par le monde associatif, l’engagement des Rennais pour leur ville, elle favorise le dialogue et la tolérance, elle est un incroyable filet de sécurité contre la relégation et l’isolement, elle permet une pluralité d’actions sociales complémentaires à celles menées par les institutions. Les écologistes en sont convaincus, la toile associative à Rennes, adossée à la politique de la ville, font de nous une ville largement préservée du fléau de la relégation sociale, du sentiment d’abandon, du mal-être et des violences qu’ils entraînent.
C’est pourquoi les écologistes sont fermement attachés à ce que même en période de difficultés budgétaires le soutien au monde associatif soit maintenu. Ce maintien signifie pour nous une préservation de l’aide globale aux associations, il n’empêche en rien des redéploiements qui s’avèrent d’ailleurs nécessaires pour mener nos priorités politiques.
Ainsi, les écologistes voteront avec d’autant plus de conviction le budget 2015 qu’il prévoit la conservation du niveau actuel des subventions aux associations. Une économie de 110 000 euros à néanmoins été réalisée sur certaines associations qui disposent d’avances de trésorerie importante et ne justifient pas de nouvelles aides publiques. Nous regrettons que ces 110 000 euros n’aient pas plutôt été redéployés. Elles sont en effet nombreuses les petites associations rennaises qui ont besoin d’un coup de pouce. Elles sont aussi nombreuses celles qui aujourd’hui luttent pour préserver leurs emplois. Même modeste, cette somme de 110 000 euros aurait apporté un peu d’air.
Ce principe de maintien des subventions aux associations, acté pour 2015, est évidemment pour nous valable pour l’ensemble du mandat car il relève d’un choix politique au service de l’intérêt de notre ville et de ses habitants.
Hormis ce regret d’une grande importance à nos yeux, il est certain que dans les domaines économiques, sociaux et de solidarités, au regard des objectifs que nous ont confié les Rennaises et Rennais, le contrat est rempli pour ce budget 2015.
Budget participatif : 3,5 millions d’euros
Il faut y ajouter l’engagement pour une démocratie plus directe qui est concrétisé avec l’adoption de la Charte de la démocratie locale. En 2016, la forme du budget changera largement puisque 5 % du budget d’investissement sera dédié aux projets portés par les habitants eux mêmes. Les premiers appels à projet auront lieu dès septembre 2015. Là aussi les engagements sont tenus. Nous serons la première grande ville de France à mettre en œuvre de telles mesures et nous pouvons dire haut et fort aujourd’hui que Rennes est une ville qui n’hésite pas à innover et expérimenter pour ouvrir de nouvelles perspectives. La démocratie c’est aussi permettre aux citoyens de s’approprier le budget municipal. Nous avons un effort important à fournir pour que celui-ci soit rendu le plus lisible possible par le plus grand nombre. Sa forme actuelle ne le permet clairement pas.
La baisse des investissements voirie doit servir les déplacements actifs
Les nécessaires changements en faveur de l’écologie tardent par contre encore à venir. Les écologistes se félicitent de la baisse des investissement consacrés à la voirie car ils sont autant d’argent public en moins au bénéfice, encore trop souvent, de la voiture en ville. Cette baisse doit dans le même temps permettre des réorientations en faveur des déplacements actifs. Le schéma directeur du vélo en cours d’élaboration avec l’aide du nouveau conseil des mobilités devra disposer à partir de 2016 de moyens à hauteur de ses ambitions. D’ailleurs, alors qu’au conseil de Rennes métropole sera prochainement débattue la question de l’installation de portillons dans le métro, je veux rappeler que la fraude au stationnement payant à Rennes est de 70 %. Nous perdons ainsi chaque année 6,5 millions d’euros. Augmenter nos recettes permet aussi de tenir nos équilibres budgétaires, et nous avons là une ressource importante et pourtant négligée. Redéployons nos moyens humains pour mieux contrôler les automobilistes fraudeurs, augmentons le prix des amendes comme la loi nous le permet désormais, créons de nouvelles zones payantes – avec un abonnement au coût modeste pour les riverains- comme le demandent les habitants des quartiers. Et nous disposerons de nouvelles recettes directement utilisables au profit des modes de déplacements écologiques.
Et des moyens pour la transition énergétique ?
Surtout, face à l’enjeu écologique et social que constitue la transition énergétique, il est plus que temps de revoir à la hausse nos investissements en la matière. En cette année 2015, où la France accueillera la COP 21, il aurait été pertinent que Rennes affiche un budget à la hauteur de cet événement. Même s’il faut souligner l’effort fait pour la réhabilitation du patrimoine scolaire ou les premiers investissements en faveur des grands chantiers de réhabilitation urbaine de Maurepas et du Blosne, la rénovation des piscines rennaises par exemple demandera des moyens et il nous faudra dans le même temps engager un plan ambitieux de production d’énergie renouvelable souvent affirmé mais toujours resté lettre morte pour le moment.
S’il y a des économies à faire, c’est bien sur nos charges courantes qu’elles doivent être réalisées, et particulièrement sur nos charges d’énergie. Elles diminueront mécaniquement en 2015 avec la baisse du prix du gaz mais cette baisse, soyez en sûrs, n’est que conjoncturelle. Notre action en faveur de la réduction des consommations d’énergie devra permettre d’amplifier cette baisse et de dégager plusieurs millions d’euros nécessaires à d’autres politiques.
Dégager ces moyens est essentiel pour maintenir le champ d’intervention de nos services publics comme nous nous y sommes engagés. Les écologistes seront toujours attentifs à ce que nos moyens humains soient préservés pour la bonne qualité du service public et des conditions de travail de nos agents. Nous savons que ces points de vigilances sont partagés par l’ensemble de la majorité mais il est aujourd’hui essentiel de se donner sur ce point une visibilité sur les redéploiements envisagés.
Un budget de projets
Ce budget 2015 est encore un budget intermédiaire entre le mandat précédent, achevé en mars 2014, et celui qui s’est ouvert depuis. Il est clair qu’il n’est pas encore pleinement traversé par l’ambition de la transition écologique. Beaucoup de choses restent encore à construire. Les écologistes sont pleinement investis pour cela. Ce budget 2015 a par contre su prendre la pleine mesure du contexte social dans lequel nous évoluons. Il est entièrement tourné vers l’amélioration du quotidien des Rennaises et des Rennais, il donne les moyens d’actions nécessaires aux acteurs de la solidarité, de l’éducation, ou encore de la culture. Il est un budget de projets pour notre ville et ses habitants et c’est pourquoi les écologistes en voteront l’intégralité.
Celles et ceux qui fréquentent un peu les couloirs de la mairie ont certainement déjà entendu M. le 1er adjoint citer Talleyrand pour faire valoir les ressources de notre ville « Quand je me regarde je me désole, quand je me compare, je me console ». Notre ville est en effet pleine de ressources. C’est peut-être parce que dans certains domaines elle a su faire sienne cette autre citation d’Albert Einstein : « La folie, c’est de faire toujours la même chose et de s’attendre à un résultat différent. ». Créer, innover, changer, accélérer doivent être donc les mots d’ordre pour les mois à venir.
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