Avant toute chose, je souhaiterais, au nom du groupe écologiste, répondre à l’interpellation du collectif 44BZH. Le nouveau découpage administratif de la France proposée par le Président de la République ne prend pas en compte la revendication ancienne et fortement exprimée des Bretons et des Bretonnes d’une Bretagne réunifiée par le rattachement de l’actuel département de Loire-Atlantique.
Cette réforme qui se veut « tournée vers les citoyens » ne peut négliger la cohérence historique, culturelle, sociale et économique des territoires comme la volonté forte des habitants de Bretagne administrative et de Loire-Atlantique à vivre ensemble. Dans le cadre d’une réforme démocratique et apaisée, nous sommes favorables à la tenue d’un référendum citoyen sur cette question et à l’appui logistique de notre collectivité dans son organisation, dans la mesure de ses moyens.En introduction de cette intervention, je souhaiterais vous remercier, Madame la Maire, d’avoir initié et permis la mise en place d’un nouveau règlement intérieur qui participe de la rénovation de la vie démocratique de notre assemblée et que nous inaugurons aujourd’hui avec des interventions de politique générale comme celle-ci.
L’expression des groupes politiques et des échanges d’ordre plus général lors des CM, ne peuvent que contribuer, je l’espère, à rappeler à nos concitoyens la diversité de la majorité, tout en rappelant qu’il est possible de travailler, en bonne entente, dans l’intérêt des Rennaises et des Rennais en associant nos sensibilités politiques et personnelles. Car vous l’avez rappelé avec raison lors de votre discours qui est venue ponctuer la journée de lancement de la Fabrique citoyenne, la démocratie avance aussi en interne au fil des échanges qui nourrissent notre réflexion commune et tout cela est aussi un travail de conviction mutuelle. Aussi, au nom du groupe, je souhaiterais également saluer votre engagement, ainsi que celui de tous et toutes les collègues qui s’investissent dans leurs politiques sectorielles, afin de donner corps à ces assises citoyennes. La revivification et la modernisation de la vie démocratique rennaise, vous le savez, nous l’avons portée haut et fort lors de la campagne des municipales et cette concrétisation qui va s’opérer dans les mois qui viennent sous la houlette de Jean-Marie Goater et Didier Le Bougeant, est une vraie satisfaction.
Mais la diversité s’exprime aussi au travers des débats qui ont cours actuellement autour du budget à venir pour notre ville. Dans un contexte de réduction drastique des dotations aux collectivités, il nous faut définir collectivement les priorités politiques de notre majorité de gauche.
Aussi alors que nous sommes à la veille de l’adoption de la loi relative à la transition énergétique, je souhaite au nom du groupe écologiste, revenir sur ses objectifs et sur son implication dans la vie de notre ville. Nous ne pouvons qu’approuver la philosophie générale de ce texte censée nous engager dans un modèle énergétique français plus diversifié, plus économe et plus participatif.La loi de transition est une boîte à outils dont les collectivités vont devoir se saisir afin de répondre aux besoins de territorialisation de la gouvernance de l’énergie. Car c’est localement, à l’échelle des territoires, que se joue en réalité la bataille pour une vraie transition énergétique englobant l’ensemble de nos modes de vie.Concernant le logement, la loi nous paraît manquer d’ambition alors même que ce secteur présente un caractère d’urgence sociale et économique, à savoir la lutte contre la précarité énergétique.Lutter contre cette précarité, c’est à la fois agir de façon curative et de ce point de vue, le chèque énergie aux ménages les plus modestes nous place sur la bonne voie, mais c’est également mettre en œuvre sur nos territoires une politique proactive de rénovation thermique et d’adaptation des logements. A Rennes la part moyenne des budgets des ménages consacrée aux dépenses d’énergie s’élève à plus de 8%. Nous arrivons au seuil fatidique des 10% qui permet d’établir de façon chiffrée ce qu’est la précarité énergétique.
Mais ceci n’est pas qu’un concept. Concrètement c’est vivre dans un logement mal isolé et froid, c’est calfeutrer les aérations de son logement au risque d’une qualité de l’air dégradée, c’est vivre sous la menace de la coupure d’électricité. Mais c’est aussi restreindre ses déplacements même en transports en commun pour ceux qui ne bénéficient pas de la gratuité sociale. Sans parler de tous ceux ne basculent pas concrètement dans cette précarité au prix d’une autorestriction drastique.
Le bien-être thermique et énergétique est pourtant une priorité des ménages. Le succès du plan « Habiter mieux » de l’ANAH a démontré que la précarité énergétique dépasse largement la question du parc social et de la lutte contre l’habitat indigne mais qu’elle concerne tout autant le parc privé et les ménages à bas ou moyens revenus. Le frein donné à ce programme par un assèchement des fonds est une erreur tant au regard du volume de logements à rénover, que de la bonne organisation des filières professionnelles autour de la rénovation thermique et des économies d’énergie. Car l’isolation des logements, au delà du bénéfice direct pour les habitants qui voient leur facture allégée, c’est aussi le grand chantier pourvoyeurs d’emplois locaux et durables dans les années à venir.
Sans anticiper trop sur le débat budgétaire, nous souhaitons rappeler ici que nous devons nous donner les moyens de nos ambitions, avec une action spécifique sur le patrimoine municipal, ainsi que sur le parc privé. Les cahiers des charges des nouvelles ZAC doivent désormais privilégier les bâtiments à énergie positive et l’utilisation d’écomatériaux, pour garantir à la fois performance énergétique et qualité de l’air intérieur. La végétalisation des surfaces à hauteur de 20% serait également une façon à la fois de concourir à la qualité de l’air, comme de l’isolation du bâti.
Enfin, la production d’énergies renouvelables locales, notamment solaire, tant pour la chaleur que pour l’électricité, doit aussi connaître une accélération et doit être ouverte au financement participatif et citoyen.
L’investissement sur les réseaux intelligents et tout ce qui concoure à la mutualisation des réseaux municipaux en matière de télécommunication et de stockage de données nous semble aussi prioritaire dans la recherche de la sobriété énergétique.
Quant au secteur des transports il est le grand absent de cette loi, avec un abandon concomitant de l’écotaxe poids lourd. Si la question des réseaux de transport peu chers et efficaces sont de la compétence de Rennes Métropole, réduire la vitesse en ville pour faire de Rennes une ville 30 serait un signe fort. En tant qu’employeur, la Ville de Rennes peut également verser des indemnités kilométriques aux salariés qui utilisent le vélo pour leurs déplacements domicile travail.
La sobriété énergétique doit être le fil rouge de nos politiques d’investissement à venir. |