Gaëlle Rougier

2ème adjointe déléguée à l’Éducation de la Ville de Rennes et conseillère métropolitaine à Rennes Métropole

Une jeunesse militante

J’ai commencé à militer assez jeune à la fin du lycée. J’ai participé aux mouvements étudiants des années 95 avec un syndicat étudiant de gauche. J’étais aussi impliquée à l’époque dans le mouvement antiraciste. C’est vraiment ce qui a forgé ma culture politique pour la suite.

C’est aussi à l’université qu’est né mon goût pour l’écriture et le journalisme. D’abord impliquée dans un journal universitaire militant, j’ai ensuite participé avec des ami·e·s à Rennes un journal militant d’information locale satirique.

À vrai dire, étant d’une région où les questions environnementales étaient moins prégnantes qu’en Bretagne, ma sensibilité sur ces sujets est arrivée plus tard.

Au début, ce n’était pas tellement présent dans ma culture politique familiale, plus marquée par une culture de gauche traditionnelle, avec la figure tutélaire d’un arrière-grand-père déporté à Buchenwald pour fait de résistance.

D’ailleurs, j’en suis venue à l’écologie plutôt par le prisme des questions sociales et sociétales et des droits humains comme le soutien aux migrant·e·s ou la défense des droits LGBTQI+.

Mes débuts en politique

Après avoir été sympathisante du parti Les Verts quelques années, j’y ai adhéré à l’occasion de la campagne de Dominique Voynet aux présidentielles de 2007 pour laquelle j’ai milité.

J’ai ensuite intégré le groupe local du parti à Rennes dont j’ai été co-porte-parole aux côtés de Benoît Careil, actuellement adjoint à la Culture de la Ville de Rennes. 

Conseillère régionale de Bretagne

J’étais la co-listière de Guy Hascoët aux élections régionales de 2010. 

Cette première expérience d’élue d’opposition a été très formatrice pour la suite. J’étais la plus jeune femme de l’assemblée, écologiste et dans l’opposition !

Qui plus est, j’ai d’emblée souhaité suivre des sujets très structurants et donc aussi relativement clivants… Aménagement du territoire, numérique, transports, etc.

J’ai été lors de ce mandat la seule élue bretonne, opposée à la construction du nouvel aéroport de Notre-Dame-des-Landes, à faire partie du SMA (Syndicat mixte aéroportuaire) pour faire entendre la voix des écologistes, aux côtés des élus EELV des Pays de la Loire. Les relations avec les autres formations politiques étaient très conflictuelles. Les moments vécus sur la ZAD (Zone à défendre) resteront toujours gravés en moi.

Vice-présidente de Rennes Métropole en charge de la jeunesse et de la formation

Lors du dernier mandat, j’ai été élue conseillère municipale de la Ville de Rennes et vice-présidente de Rennes Métropole en charge de la jeunesse et de la formation.

Le principal chantier du mandat a été la création d’une plateforme métropolitaine de ressources à destination des acteurs et actrices de la jeunesse. Il s’agissait de favoriser l’interconnaissance, et l’échange de bonnes pratiques, mais aussi l’émergence de projets transversaux et de recherche-action autour des questions de jeunesse.

Adjointe à l’éducation de la Ville de Rennes

La question du handicap

En tant qu’adjointe à l’éducation, j’ai un vécu particulier, car j’ai un enfant en situation de handicap. L’école est souvent compliquée pour ces enfants. Nous devons travailler à leur bien-être et à leur inclusion à l’école.

Depuis la loi de 2005, l’Éducation nationale est obligée d’accueillir tous les enfants en situation de handicap. 

Des progrès ont été réalisés quant à la scolarisation des enfants à besoins spécifiques, mais beaucoup reste à faire pour une école véritablement inclusive.

Le manque de place dans les structures spécialisées et le manque d’AVS ou d’enseignant·e·s dédié·e·s, conjugués aux difficultés diverses de l’école, génèrent une grande souffrance pour ces enfants, leurs parents et les enseignant·e·s. 

Au lieu de fédérer autour de ces enfants plus fragiles, ces difficultés créent des conflits et éloignent parfois certaines familles de l’école, qui demandent l’instruction en famille.

Nous allons renforcer et structurer la coordination bienveillante autour de ces enfants. La santé des enfants, la lutte contre les inégalités éducatives et l’accueil des enfants en situation de handicap sont des axes forts de ce mandat. 

J’ai sollicité l’Éducation nationale sur le manque d’AVS (accompagnant·e·s des élèves en situation de handicap). Ces AVS qui doivent parfois accompagner plusieurs enfants à la fois manquent cruellement de temps pour correctement accompagner chaque enfant.

L’État ne prend cependant pas en charge l’aide humaine sur le temps du déjeuner à la cantine ou sur les temps d’activités périscolaires. La ville doit donc s’organiser pour compenser ce manque.

Nous participons à l’inclusion de tous les enfants avec la mise en place d’une centaine d’animateurs et d’animatrices référent·es qui accompagnent les enfants sur le temps du déjeuner, sur les temps périscolaires, dans nos centres de loisirs.

Nous poursuivons la formation de nos agent·e·s, sur la base du volontariat, à l’accompagnement des enfants en situation de handicap. Nous avons également constitué un groupe de travail d’agent·e·s pour travailler sur ces questions.

Un nouveau PEL (Projet éducatif local)

Le grand chantier de mon mandat est la révision du Projet éducatif local de la Ville de Rennes qui sera renouvelé en 2021.

Je souhaite organiser autour de ce nouveau projet éducatif une large concertation avec les enfants et leurs parents, les enseignant·e·s, les directeurs et directrices d’école et l’Éducation nationale.

Je suis vraiment attachée à mieux prendre en compte la parole des enfants et de leurs parents. Nous devons réussir à pleinement les impliquer et à mieux partager avec eux les enjeux de notre politique éducative locale, à l’échelle de la ville, au-delà des problématiques de leur enfant et de leur école.

Repenser les cours d’école

Nous souhaitons végétaliser les cours d’école le plus possible. Il y a une forte demande des écoles à ce sujet. Aménager des cours plus fraîches et plus vertes, au-delà de l’amélioration du cadre de vie des écoles, c’est une manière de s’adapter au réchauffement climatique. Nous allons également poursuivre la rénovation énergétique des bâtiments.

Nous souhaitons aussi travailler à des cours d’école plus inclusives et non genrées. Les espaces de récréation doivent être mieux partagés entre les filles et les garçons et entre les diverses envies des un·e·s et des autres.

L’ensemble de ces aménagements des cours d’école se fera en concertation avec les enfants, les enseignant·e·s et les agent·e·s de la Ville. Cela nous permettra ensemble de repenser les temps d’enseignement et de récréation, mais aussi d’enseignement si les équipes se l’approprient pleinement.

Plan d’éducation à la nature

Dans le cadre du plan d’éducation à la nature, nous allons développer de nouveaux partenariats locaux, par exemple dans le domaine l’agriculture urbaine. Nous comptons ainsi sensibiliser les enfants à l’environnement et à la biodiversité et faire le lien avec les cours végétalisées.

Plan local d’éducation artistique et culturelle

Avec ma collègue Catherine Phalippou, en charge du PLEAC (Plan local d’éducation artistique et culturelle), nous espérons être la première ville de France à décrocher le label « Objectif 100 % EAC ». Nous travaillons sur un parcours éducatif de la crèche jusqu’au collège. Nous souhaitons en priorité étoffer l’offre en maternelle et proposer des activités en famille. 

Nous privilégions des projets structurants et qualitatifs comme des résidences d’artistes dans les écoles. C’est par exemple le cas en ce moment à l’école Pascal Lafaye dans le cadre d’un partenariat avec les Transmusicales. Nous travaillons avec des associations et aussi beaucoup en régie avec l’Opéra et le Conservatoire de la Ville.

Budget participatif des écolier·ères 

Le budget participatif des écolier·ères aura pour but rendre les enfants acteurs de leur école et de leur quartier.

Ce sera le support d’une pédagogie de la citoyenneté. Nous les accompagnerons de l’idée jusqu’à la mise en œuvre du projet. Nous leur apprendrons à identifier leurs besoins et envies, à les formuler, à trouver des solutions, à travailler et à prendre des décisions collectivement.

Apprendre à être un·e citoyen·ne ne se résume pas à l’instruction civique. Pour se sentir concerné par les valeurs de la république, il ne suffit pas d’acquérir des connaissances sur les institutions. Cet apprentissage de la citoyenneté nécessite de la pédagogie.

Ce que nous souhaitons c’est faire de nos enfants des citoyen·ne·s responsables, qui ont un regard critique sur le monde, et qui s’investissent pleinement dans la vie de la cité. Le budget participatif des écolier·ères sera pour cela un très bon levier.

Ville à taille d’enfant

Je suis très en phase avec la philosophie portée par l’Association Internationale des Villes éducatrices (AIVE).

Dans la ville éducatrice, l’éducation dépasse les murs de l’école pour imprégner toute la ville.

C’est dans cet esprit qu’avec ma collègue Lucile Koch-Schlund, conseillère municipale déléguée à la Ville à taille d’enfant, nous pensons une ville avec et pour les enfants.

Nous travaillerons à une ville plus apaisée, qui permet aux enfants d’évoluer sereinement et en autonomie dans l’espace public et d’y trouver leur place. Nous devrons pour cela limiter la circulation notamment aux abords des écoles.

Nous allons travailler avec ma collègue Valérie Faucheux, adjointe déléguée aux Mobilités et aux déplacements, sur des cheminements sécurisés du domicile jusqu’à l’école (pied, vélo, trottinette, autonomie). 

Nous devrons nécessairement limiter la présence de la voiture dans le centre-ville pour la sécurité des piétons et cyclistes.

Plan de prévention et de lutte contre la pauvreté des enfants

Nous souhaitons renforcer notre plan de prévention et de lutte contre la pauvreté des enfants, et plus largement agir contre les inégalités sociales et éducatives.

Nous constatons de fortes inégalités d’accès au sport, aux loisirs et aux soins. Nous devons venir en aide aux familles les plus fragiles. Aussi, certains enfants n’ont pas forcément un handicap reconnu, mais ont malgré tout besoin d’un accompagnement personnalisé.

Il y a plus globalement une réflexion à mener autour de la santé des enfants tout au long de leur jeunesse : leur santé physique, mais aussi mentale, les conditions du bien-être dans les écoles et en dehors. Nous devons collaborer avec l’ensemble des acteurs et actrices de la santé pour proposer une meilleure offre en matière de santé. 

Le plan numérique éducatif local

J’inaugurerai au mois de mars 2021 l’Édulab. Un bel outil qui montrera qu’à travers le numérique, on peut travailler sur beaucoup d’aspects pédagogiques avec les enfants. Cela peut permettre d’acquérir nombre de compétences et de créer une autre forme de lien social.

Aussi, la Ville de Rennes a cofinancé un projet de recherche universitaire sur les usages du numérique par les enseignant·e·s, les enfants et leur famille.

Ces recherches portent sur plusieurs écoles de la ville et l’on commence à démontrer que les usages du numérique de nos enfants sont beaucoup plus diversifiés qu’on ne le pense.

Cela dépend en fait beaucoup de la culture et des habitudes familiales. Il y a parfois un décalage entre les attentes des enseignant·e·s et les usages spontanés des enfants.